"La Health & Safety ne se résument pas à la santé et à la sécurité".
ISG: M. Stala, pendant la crise sanitaire, le syndicat professionnel du BTP (BG BAU) a concrétisé la norme fédérale de protection du travail pour le bâtiment et établi divers guides pratiques. L’un d’eux traite par exemple de l’hygiène sur les chantiers. Comment les précautions prises sur les chantiers ISG répondent-elles aux règles de BG BAU?
Artur Stala: Les recommandations correspondent à nos exigences minimales sur chaque chantier. Nos mesures vont parfois plus loin. Nous avons tenu à ce que nos sous-traitants soient satisfaits et aiment travailler sur nos chantiers. Nous avons par exemple de nouvelles salles de pause de midi où les salariés peuvent aller et qui sont nettoyées régulièrement. Il y a des frigos, des micro-ondes et des machines à café en self-service. Il y a aussi des food trucks qui servent gratuitement.
Quand on propose ce type de locaux collectifs, il faut aussi veiller à leur utilisation conforme pendant la crise sanitaire actuelle. Nous avons agrandi nos zones collectives sur tous les chantiers pour respecter la distanciation minimale prescrite. Nous y arrivons aussi en réduisant le nombre de carrefours. Tous les salariés reçoivent régulièrement un masque. Celui-ci est à porter au maximum 15 min. si la distanciation ne peut être respectée. Nous avons défini des horaires échelonnés pour réduire l’effectif sur le chantier et dans les salles de pause. Nous nettoyons et désinfectons les chantiers tous les jours. Nous prenons les températures tous les jours au laser sans contact. Le salarié ayant le moindre signe de maladie doit quitter immédiatement le chantier. Ça a bien marché: nous n’avons eu aucun cas de Covid-19 sur nos chantiers en Allemagne, au Luxembourg et en Suisse.
ISG: Comment garantissez-vous l’application de ces mesures, notamment par les sous-traitants?
Artur Stala: Nous ne pouvons pas la garantir mais nous créons et vérifions régulièrement les conditions générales. Je vais toujours régulièrement sur les grands chantiers et je vérifie. Le bon fonctionnement dépend surtout d’une sensibilisation en amont: la santé et la sécurité font chez nous partie intégrante d’une collaboration, même pour engager des relations avec des sous-traitants. Les salariés savent d’emblée quelles normes ils doivent respecter.
ISG: Quels sont les retours du personnel ISG et des entreprises partenaires? Est-ce que toutes les mesures sont acceptées?
Artur Stala: Ma devise est: en santé et sécurité, il ne s’agit pas de ces notions en tant que telles. L’aspect social est un thème majeur que j’estime clairement être de ma responsabilité. Je cherche le dialogue avec tous ceux qui sont impliqués dans nos projets - du personnel de nettoyage au chef de projet du client. Les retours sont très positifs. Pourquoi? Parce que nous communiquons nos règles à tous et que nous écoutons leur avis. C’est peut-être une banalité mais les règles strictes actuelles doivent passer.
ISG: Avant la pandémie, est-ce qu’il y avait déjà des fils conducteurs pour la santé des salariés en cas de contamination? Si oui, est-ce qu’elles peuvent maintenant servir de plan bleu?
Artur Stala: Nous n’avions pas ce genre de fils conducteurs. Mais nous n’étions pas tellement impréparés à la pandémie. Suite à la situation en Italie et avant en Chine, nous avions de l’avance et y avons observé les étapes et les mesures de très près. Par exemple, nous avons compris très tôt qu’il pouvait y avoir des problèmes de commande de masques et avons donc réagi rapidement pour nous en procurer suffisamment.
ISG: Qu’avez-vous appris de la pandémie pour votre activité?
Artur Stala: La chose la plus importante que j’ai apprise de la crise est l’importance de la communication à mon poste. Surtout dans de tels moments, j’ai remarqué que les salariés ont plus besoin d’échange et d’assistance et apprécient beaucoup qu’on les écoute. Par exemple, pendant mes dernières semaines de télétravail, j’ai appelé régulièrement les chantiers pour parler avec tout le monde et pas seulement du travail. Mes collègues apprécient.
ISG: Est-ce que la signification de la santé et de la sécurité dans l’entreprise a changé?
Artur Stala: Si mes salariés veulent travailler en sécurité au lieu d’y être forcés, j’ai atteint mon objectif. C’est juste ce que j’observe actuellement: lors de mes débuts chez ISG il y a six ans, on estime que seulement 20% des salariés le faisaient de leur propre chef - actuellement, ils sont environ 90%. Je le remarque en enquêtant moi-même et tous les jours. Quand il y a des problèmes, les collègues m’en parlent pour trouver des solutions ensemble. Dans le domaine de la santé et de la sécurité, on risque d’être perçu comme un policier. Je n’aime pas ça. Je préfère être perçu comme un collègue qui veut aider les autres au lieu de les contraindre. Je ne veux pas faire fuir tout le monde quand j’arrive sur le chantier. J’aime mieux y aller à la fin de la journée pour boire une bière ou un café avec eux.